Et pourtant elle tourne

Contrairement à notre belle planète, personne n'a jamais pensé que Simone était plate. Je parle ici de son sens de l'analyse. Nous savons tous à quel point elle n'a pas sa langue dans sa poche (tant pis pour la poche, qui rate probablement quelque chose...).

Après bien des années d'expérience du siècle précédent, Simone et son mari Raoul, désormais retraités, nous proposent un regard lucide, acide, décalé, sensé ou complètement à côté de la plaque sur la société actuelle. Ils savent qu'il ne faut jamais parler de politique, de religion ou de sexe pour garder ses amis. Alors ils en parlent entre eux...

Les opinions exprimées par les personnages sont celles de la rue, du bistrot ou des journaux, Simone et Raoul s'en font ici l'écho, mais ne sauraient imposer leurs points de vue comme des vérités définitives dans la réalité de ce monde complexe.

lundi 19 septembre 2011

Plan Com


En ce dimanche matin, Dominique est plutôt stressé. Ce soir, il va parler à la France, pour la première fois depuis l'affaire qui a passionné la planète, des cravates du MEDEF aux petits nœuds des femmes de chambre, à moins que ce ne soit le contraire... Dans leur luxueux appartement de la Place des Vosges, il répète ses gammes avec sa femme et lui demande des conseils, notamment pour s'habiller :

- Et ça chérie, c'est pas mal non ?

- Une chemise rose ? Et pourquoi pas un loup sur le visage, tu serais super crédible non ?

- Tu es sérieuse ? Comme le loup que j'ai mis dans la soirée "Suite dans les idées" de mardi ? D'ailleurs, tu viens plus aux soirées toi...

- Tu vois là, normalement, je devrais être certaine que tu plaisantes... mais j'ai un doute... 

- Mais oui je plaisante, ça va, je sais bien que tu en as un peu marre de voir le loup depuis toute cette histoire... Bon, je mets quoi alors ? Il est où mon DSKtop ?

- Sur l'ordinateur, comme d'habitude... Mais... Quel DSKtop ?

- Bah mon petit haut noir que j'avais pour la soirée "Abandon des charges" à Manhattan ?

- Bon, Dominique, tu as déjà tout perdu politiquement, moi, si tu m'as encore c'est bien parce que j'ai le goût des autres, surtout quand je t'embrasse ! Ce soir, tu vas essayer de t'acheter un tout petit semblant d'image, alors si tu foires, tu n'es plus rien, tu comprends ça ?

- Oui, excuse-moi Anne...

- Je ne sais pas s'il m'en reste... Faut que je regarde... Bon, tu mets cette veste avec cette cravate.

- Elle n'est pas trop sombre cette cravate ? J'ai peur que ça fasse un peu Nafissatou...

- Mais non, elle est d'un parfait bleu marine. Tu gardes la tête haute, l'air grave, quand Claire te posera les questions, tu les auras toutes eues une heure avant dans les loges, au moment où on abordera les questions les plus délicates pour toi, tu brandiras le rapport Vance en suggérant qu'il comporte tous les éléments d'un piège, voire d'un complot.

- C'est quand même gros de parler d'un complot non ? Tu crois vraiment que c'est Sarko qui a formé la mère Diallo pour qu'elle me propose une petite gâterie à mille dollars ? Et tu crois que c'est encore lui qui lui a envoyé des tweets à la sortie de la suite pour lui dire quoi faire quand je l'ai virée sans la payer une fois son forfait accompli en lui disant qu'elle n'était qu'une traînée et que j'avais des choses bien plus importantes à faire pour l'économie de la planète que de lui laisser un pourboire alors qu'elle était déjà bien contente d'avoir mangé ?

- Et tu proposes quoi ? D'avouer que tu es un grand malade de l'uniforme ? Que dès que tu vois une soubrette, ton tempérament de jardinier te pousse à vouloir user de la brouette ? C'est un plan Com Dominique ! Un plan Com ! Tu dois faire attention à tout ! Et surtout, surtout, ne regarde pas une seule fois les seins de Claire.

- Je les connais par coeur les seins de Claire...

- D'accord mais là on n'est pas à un diner entre amis ! On est en train d'essayer de sauver le soldat Ryan !


Siège de TF1 - 20 heures :

- Dominique Strauss-Kahn bonjour, expliquez-nous votre présence sur ce plateau.

DSK ne peut alors s'empêcher de deviner le parfait dessin de la poitrine de son interlocutrice, et répond :

- Je suis ici pour un plan Cul... Cum ! Com !!! Non, je veux dire pour me racheter une image ! Enfin la louer ! Je suis tout de même socialiste et...

Au même moment, Place des Vosges, un cri de douleur et de rage a retenti derrière de grandes fenêtres dans lesquelles un proche automne commençait déjà à se refléter...

mercredi 29 juin 2011

Qui veut la peau de Roger Rabbit ?

... ou l'affaire DSK expliquée aux enfants



Dans la jungle du pouvoir, alors que le Roi Lion était en train de dormir, un lapin prévoyait de prendre sa place. Il voulait devenir le roi de la forêt. Ses copains l'aimaient beaucoup, et tous les habitants de la forêt commençaient à penser que c'était lui, le lapin, qui allait porter la couronne. 

Alors que la sélection naturelle lui aurait probablement offert le trône, un coup de folie changea son destin. Il prit délicatement la couronne sur la tête du lion, et partit discrètement avec, en faisant des petits sauts de lapin.

Le lapin se sentait très fort avec sa couronne, et sur la route de son terrier, il sonnait chez toutes les lapines pour leur montrer son bel attribut. Des lapines gourmandes et séduites par l'éclat de sa nouvelle puissance l'invitaient à entrer avec un grand sourire. A chaque fois, le lapin ressortait la couronne à l'envers, l'air défait et l’œil coquin.

Le lapin, très fatigué, rentra chez lui, dans son terrier. Il avait beaucoup sauté dans la forêt toute la journée, alors, pour se détendre, il décida de prendre une douche. Mais en sortant de sa salle de bains, il se retrouva nez à nez avec une renarde qui venait nettoyer le terrier. La renarde ne savait pas que c'était le terrier d'un lapin, et elle a très très peur des lapins ! Elle se mit à hurler ! 

Le lapin est en peignoir, sa bouche fait un O pendant que celle de la renarde fait un A énorme, elle est terrorisée ! Elle part en courant. Le lapin sort de chez lui pour essayer de rattraper la renarde et là, horreur... A la surface, tous les animaux sont là, girafes, éléphants, tigresses, les lapines sont tristes, tous semblent déçus, désespérés devant cette scène surréaliste... Lui qui semblait si gentil...

Soudain un bruit sourd se fait entendre, des percussions, les animaux se prosternent, c'est le Roi ! Le Roi Lion se présente devant le lapin, il le regarde durement, ses tics nerveux à l'épaule sont plus virulents que jamais. La renarde a crié tellement fort qu'elle a réveillé le Roi. Attiré par les cris, il se retrouve face au lapin, le voleur de sa couronne, au milieu de tous ses sujets.

En le voyant, le lapin enleva la couronne, et la rendit au lion, qui tendait déjà sa patte pour récupérer son bien dans un geste plein de dédain et extrêmement hautain. 

A force de sauter partout pour montrer sa couronne, le lapin avait eu très chaud, et l'indispensable douche l'avait empêché d'entendre la renarde arriver.

Les gardes du lion saisirent alors le lapin et le jetèrent au fond de son terrier, fixant immédiatement des barreaux à l'entrée. Le lapin était durement puni. 


On ne saura jamais si c'est le lion qui a envoyé la renarde pour protéger sa couronne ou si c'est le lapin qui n'a pas su changer sa nature pour être souverain


Mais ce qu'on sait, c'est que jamais le lapin ne deviendra Roi.






Franck Pelé

vendredi 27 mai 2011

Fumer tue




Sofitel Reykjavik. Mai 2011.

Eïdur Thorstensson, la soixantaine classieuse, regarde par la fenêtre de son hôtel. Un énorme nuage de cendres flotte à l’horizon. Il baisse les yeux sur un article de presse, posé sur la table de chevet. A côté de l'article, la photo du volcan en éruption. Il pousse la porte de la salle de bain, laisse tomber son peignoir, ouvre le robinet d'eau chaude, ajoute un peu d'eau froide, et quand son poignet valide la température, entre dans sa douche.

Le nuage est arrivé très vite sur la ville. La fumée grisâtre s'est déjà introduite dans la chambre, par les fenêtres. On ne voit presque plus rien. 

Une femme de chambre entre alors dans la chambre pour fermer les fenêtres. 

Pendant qu’elle ferme les fenêtres, l’homme sort de la douche, le bruit des fenêtres qui se ferment l'a alerté. Une serviette autour de la taille, il ne voit rien. Il devine à peine les obstacles, et avance les mains en avant, c’est alors qu’il touche les fesses de la femme de chambre qui hurle tout ce qu’elle peut !

L’homme hurle encore plus fort, il crie que c’est une erreur, il sait à quel point l'actualité récente va jouer contre lui, il supplie la femme de chambre :

- Mais vous voyez bien qu'on ne voit rien !

La femme de chambre saisit la lampe de chevet et frappe l’homme jusqu’à ce qu’il tombe à terre. Folle de rage autant que de peur, elle s'acharne sur le pauvre Eïdur, dont le destin baigne déjà dans la cendre. En voyant le petit ruisseau pourpre creusant doucement son sillon dans cette pâte grise, la femme de chambre se rend immédiatement compte de son crime, et ouvre la bouche sans qu'aucun son ne puisse en sortir, seul l'effroi pétrifie sa mâchoire. Elle ouvre la fenêtre, elle saute. Du douzième étage.


        

Volcans, attention :  
Fumer tue

vendredi 20 mai 2011

Dsktop, et la vie s'écoule comme avant...

Simone s'allonge dans une chaise longue. Tous les jardins de son quartier sont déserts, tout le monde est devant la télé. Tout le monde sauf sa sœur, Paulette, qui vient lui rendre visite.

- Tu ne regardes pas la télé Simone ?

- Ah salut Paulette... Non, je prends un peu le soleil, j'adore cette heure où le soleil te caresse doucement avant de se coucher... Et puis DSK par-ci, DSK par-là... J'ai ma dose là, tu vois... D'ailleurs, même si je n'oublie pas le traumatisme de cette femme, s'il devait être encore plus coupable que ce qu'on dit, je trouve que la façon dont l'homme a été humilié par cette horrible machine judiciaire américaine doit beaucoup aux médias. Alors je fais une pause. Télé, radio, journaux... j'en peux plus. J'ai besoin de respirer. 

- Tu as pensé à mettre du Dsktop ?

- Du Dsktop ?

- Oui, c'est incroyable. Si ta télé est bouchée par un trop plein de DSK, si ta radio n'arrête pas de cracher du DSK à longueur de journée, si tes journaux débordent de DSK, un seul geste : Dsktop !

- C'est quoi le principe ?

- Pour la télé, ça existe en spray. Tu vaporises un peu de Dsktop sur ton écran et une pellicule blanche couvre tout l'écran plat familial. Tu retrouves ainsi les joies de la conversation à table.

- Et pour la radio ?

- Rien de plus simple ! Tu verses un bouchon de Dsktop dans ta radio, tu laisses agir une minute, et à toi le silence !

- Ah oui, forcément... Et les journaux ?

- Pour les journaux, c'est comme pour la télé, tu vaporises Dsktop directement sur la page qui t'ennuie et hop, la page devient illisible, elle peut même se désintégrer selon la longueur de la vaporisation.




DskTop : Une femme de ménage absolument parfaite


Existe aussi en cachets (endormissement garanti devant la télé, la radio ou les journaux, cinq minutes après la prise).




©Franck Pelé - Mai 2011

jeudi 19 mai 2011

Le festival de Simone


- C'est la première fois que tu vas monter les marches ?

- En maillot de bain ? Ah ça oui ! Ce sera une grande première !

- Simone... Tu plaisantes ? Tu vas monter les marches avec ce petit bikini bleu ?

- Ecoute Paulette, ça fait des années que Raoul préfère plonger au large du palais pendant la journée plutôt que dans mon décolleté le soir venu. Tout ça parce que Monsieur est exténué... Alors je vais faire en sorte de braquer tous les projecteurs sur mes secrets plus abyssaux !

- En même temps, ça crève la plongée, il n'a peut-être vraiment plus la force d'onduler sur ta plage...

- Je ne lui demande pas forcément de conduire ! Si la palme dort, et que le tuba en fait autant, bonjour le festival ! On va rendre hommage à Belmondo et lui, il va pêcher des oursins ! Il passe à côté de tout ce qui est bon !

- Tu as vu Bebel, c'est terrible quand même, un homme qui était si fort, si sportif...

- Oui... Mais il continue d'avoir la jeunesse dans le regard lui au moins ! Et il s'occupe toujours de sa femme ! Tu crois qu'au temps de sa splendeur il préférait les étoiles de mer aux horizons courbés ? Raoul, si il continue comme ça, il va bientôt aller chercher le pain en fauteuil roulant après sa douche ! Et si on fait un film sur ses sorties de retraité, on l'appellera "Itinéraire d'un enfant gâteux" !

lundi 16 mai 2011

Un éléphant ça trompe énormément




La jeune employée de l'hôtel au téléphone :

"Non, ça va... En fait, il ne m'a pas vraiment violée... Si, si, il m'a touché les seins, mais il n'a pas vraiment fait exprès... Enfin bon, c'est pour toutes les fois où il a fait exprès avec les autres ! Non... il s'est pris les pieds dans le tapis... Ah bah oui, ça c'est sûr, les américains ils ne rigolent pas avec ça ! En plus, je lui ai mis un t-shirt "Ben Laden is innocent" dans sa valise... Il n'est pas près de remonter dans sa Porsche le poids lourd de la gauche !


Au même moment, en France. Un homme arrive devant la porte du bureau d'un homme politique. Il sonne :

" - Bonjour, j'ai rendez-vous avec François Hollande

- Je vais vous demander de patienter quelques minutes, il est au téléphone avec une amie..."



Plus le PS perd du poids, plus François est beau

jeudi 5 mai 2011

Amerikhan Dream



Un homme est avachi sur son canapé, il regarde un match de basket américain sur ESPN. Sur la table basse, des canettes de coca, de pepsi, des cartons de Pizza Hut, des emballages de Mc Donald’s.

Rasé de près, il porte un maillot des Knicks de New-York et un long short de sport. Sur les murs du salon, des affiches de Apocalypse Now, Marilyn Monroe, The Godfather.

Soudain, on entend un bruit, l’homme coupe le son, inquiet, et se concentre sur ce bruit, il regarde vers le plafond. On reconnaît le bruit des hélicoptères, on entend des gardes qui hurlent dehors, puis l’un d’eux qui entre dans le salon et hurle quelque chose en arabe.

L’homme fonce alors dans sa chambre. Sur le lit, son épouse, en petits dessous avec son iPod branché, le casque sur les oreilles, lit « Vanity Fair » en se dandinant. Il hurle quelque chose en arabe, la même chose que ce que le garde hurlait quelques minutes avant.

Pendant qu’il crie à sa femme de se bouger, il se déshabille, enfile une djellaba, ajuste une fausse barbe, se met pieds nus et se couvre la tête. Sa femme se vêt d'une burka et d'une tenue toute noire, on ne voit plus rien d’elle à part ses yeux.

Ils courent tous les deux vers le salon, décrochent les photos et les remplacent par des photos pieuses et des versets du Coran, ils jettent les cartons et bouteilles de Bud vides dans un grand sac poubelle. L’homme met le trousseau de clés avec un gros porte-clés Jeep dans un tiroir, saute sur le canapé, zappe sur Al-Jazzeera, se cache derrière sa femme dont il se sert comme bouclier en pointant un couteau sur sa gorge. Toujours voilée, elle sort un tube de rouge à lèvres et se remaquille...sur le voile. Les habitudes se perdent aussi vite que d'autres se prennent. 

Ils attendent que les américains arrivent…

Des soldats américains des forces d’élite pénètrent dans le salon après avoir enfoncé la porte et hurlent : « Freeze ! »

Ben Laden répond, en pointant une arme de poing avec sa main droite, l'autre tenant toujours le couteau sous la gorge de l'épouse : « God is great ! … I mean… Allah Akbar !!! »

Le soldat tire. Son regard suit sa victime qui tombe à terre. Ben Laden est mort.

Une canette de Coca-Cola roule jusqu’aux pieds de la femme voilée, dont les ongles sont vernis. Son mari est mort. Il gît sur le ventre, la djellaba remontée à mi-mollet. Il porte des Nike.

Ils sont forts ces Ricains...